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Par Fremox

Quel Logiciel 3D Choisir? (1/4)

17 Janvier 2017

De plus en plus d’étudiants, de graphistes souhaitant s'initier à l’animation 3D ou de motion designers « orientés 2D » souhaitant étoffer leur palette de compétences se posent la question du choix d’apprentissage d’un logiciel 3D.

Entre les logiciels Maya et 3DS Max, fers de lance d'Autodesk, et leurs concurrents dans le milieu de la 3D généraliste (Cinema 4D, Lightwave...), les solutions alternatives (Blender) et les logiciels spécialistes (Zbrush, Houdini, Modo, Mari...) ne manquent pas.

Pas facile donc de s’y retrouver !

- N’ayant pas trouvé de réponses convaincantes et argumentées à cette simple question malgré la profusion d’articles dédiés au sujet, nous allons tenter de rendre aussi claire que possible l’offre des logiciels 3D et dans un premier temps, d’affiner le choix pour ne garder que les plus pertinents.

- Nous tenterons ensuite de vous lister de la manière la plus objective possible les avantages et inconvénients de chacun de ces logiciels et de les comparer les uns avec les autres dans les cadres professionnels et personnels.

- Dans une troisième partie, nous essaierons de comparer les plus gros logiciels dans un contexte plus commercial (prix des licences, versions d’éducation etc.)

Enfin, nous clôturerons ce dossier spécial par le choix de la rédaction Motion Café, ainsi que quelques pistes de réflexion permettant de relativiser notre position, et vous donner ainsi... du grain à moudre !



L’offre des logiciels 3D, comment s’y retrouver ?


Pour commencer, vous remarquerez que le mot « logiciel 3D » dans le titre de l’article est au singulier...

L’idée ici est donc de vous aider à choisir LE bon outil 3D et donc de n’utiliser qu’un seul et unique package 3D généraliste plutôt que plusieurs softs spécialistes.

En partant de ce constat, vous pouvez donc d’ores et déjà mettre de côté (dans un premier temps), les logiciels spécialisés. Ces derniers sont de plus en plus nombreux et répondent à un besoin 3D bien particulier. Ils sont rarement utilisés seuls et font plutôt partie d’un « pipeline » déjà mis en place chez un artiste ou un studio 3D.

En voici une liste non exhaustive, avec leurs spécialités respectives :


ZBrush
 et Sculptris : permettent de modéliser des formes organiques (personnages, créatures...) ou hard surface (robots, armures...) en sculptant directement les surfaces 3D comme dans de la terre glaise. Utilisés principalement par les character designers (dans le cinéma ou les jeux vidéo), les VFX (effets spéciaux) ou les illustrateurs numériques.

ZBrush Film & TV Reel - Pixologic


Mari, 3D Coat,  Substance Painter et Quixel, sont des logiciels spécialisés dans le texturage (dépliage UVW,peintures de textures par « calques », directement sur la surface des objets 3D, rendu temps réel...)


Houdini, Realflow et Naiad sont les principaux logiciels utilisés pour les simulations de fluides et de particules réalistes (souvent utilisés dans les effets spéciaux) ;

Quixel Reel 2015 - Quixel

RealFlow 2015 Showreel - Next Limit Tech.


POSER
et DAZ studio sont deux logiciels concurrents, plutôt orientés grand public et artistes numériques, permettant de créer (plutôt dans le sens « customiser » puisqu’on ne peut pas les "modéliser") des personnages déjà riggés, de leur donner une pose fixe à un instant T (on peut donc animer les personnages sur principe puisqu’ils possèdent tous deux une timeline), de les texturer et de les rendre en images ou de les exporter ;


Poser 11 Promo Reel - Smith Micro Graphics


VUE
est un logiciel spécialisé dans la création d’environnements 3D réalistes, très populaire auprès des particuliers et artistes 3D orientés « fantaisie », notamment avec l’ajout de personnages/créatures provenant de DAZ Studio (cf. plus haut).

Bien-sûr, une fois un logiciel « de base » (générique) maîtrisé, rien ne vous empêche d’ajouter par la suite une corde supplémentaire à votre arc, en apprenant en plus un ou plusieurs de ces logiciels spécialisés, bien au contraire, vous aurez tout à y gagner !

Ensuite, pour des soucis évidents de pérennité de l’apprentissage et/ou de l’investissement, il faudra également écarter les logiciels « outsiders » dont on sait qu’ils ne pourront jamais (même si ça a été le cas il y a quelques années) concurrencer les poids lourds de la 3D actuels. Il serait dommage et inutile de se former des années sur un logiciel s’il y avait le moindre risque qu’il ne soit un jour plus commercialisé ou développé.

Citons notamment : Lightwave (même s’ils ont eu un gros regain d’énergie et d’intérêt avec la version 10), Rhino 3D, Soft Image (qui a d’ailleurs cessé d’être développé chez Autodesk depuis 2015).
Modo (développé par THE FOUNDRY, les éditeurs de NUKE) ne peut pas encore non plus tout à fait rivaliser avec ceux dont nous parlerons ensuite. Même s’il s’agit d’une étoile montante et acclamée par les utilisateurs, Modo reste en effet un logiciel de modélisation, de texturage et de rendu, qui ne possède pas ou peu de fonctionnalités liées à l’animation (pour le moment). Ce serait quand même un comble pour un motion designer de ne pas pouvoir animer quoi que ce soit en 3D !

2014 Show Reel - LightWave 3D Group

MODO 901 Live: Features demo - The Foundry


Enfin, nous mettrons de côté (et l’assumons pleinement) la solution BLENDER, véritable OVNI dans le monde de la 3D, qui n’a pas (encore) sa place dans ce duel entre les logiciels 3D généralistes professionnels, réellement en place dans l’industrie audiovisuelle.

En effet, bien qu’il possède des qualités indiscutables - logiciel complètement Open Source, un des plus complets du marché, une belle communauté de passionnés favorisant son apprentissage... - et qu’il soit 100% gratuit, BLENDER reste en effet pour le moment une solution, certes attrayante, mais qui n’arrive pas à s’imposer dans les écoles et les studios d’animation professionnels.

Blender Demo Reel 2013 - Blender Foundation


Nous n’irons pas jusqu’à dire que BLENDER est un peu le « GIMP (le concurrent gratuit et open source de Photoshop) de la 3D », car ça ne rendrait vraiment pas justice à son énorme potentiel, mais c’est malheureusement comme ça qu’il reste perçu aujourd’hui par les grands studios. Un étudiant n’ayant dans son portfolio que des réalisations faites sur BLENDER ne sera malheureusement pas pris au sérieux par ses employeurs potentiels.

C’est la dure réalité du marché, et tant que notre société restera fondée sur un système capitaliste, les mentalités ne risquent malheureusement pas de changer ! Dans quelques années par contre... qui sait ? Peut-être BLENDER recevra-t-il enfin la reconnaissance qu’il mérite et deviendra lui aussi un standard chez les professionnels ?

Il faut aussi comprendre les entreprises : elles ont besoin d’être rassurées quant au support et à la solidité de l’éditeur de leur logiciel 3D. Or, quand on paye une licence chez un éditeur comme Autodesk ou Maxon, on a droit à un vrai support de leur part, à un vrai S.A.V. Ce qui bien sûr n’est pas la cas d’un logiciel gratuit développé par une fondation à but non lucratif.

Cycles Demoreel 2016 - Blender Foundation


Il n’empêche qu’avec son moteur de rendu Cycle très puissant, son traqueur de mouvement intégré et même la possibilité de faire du montage et du jeu vidéo (en plus de la modélisation, du texturage et de l’animation), BLENDER reste une excellente solution pour faire toutes sortes de créations 3D !

Il est d’ailleurs tout à fait possible de réaliser un film d’animation complet avec, comme le prouvent les films « Big Buck Bunny » ou encore « Tears of Steel ».
On comprend aisément que ce soft ait réussi à se faire une place de choix auprès d’un large public passionné de 3Distes autodidactes (Blender n’est que rarement enseigné dans les écoles d’animation) et de professionnels/amateurs travaillant souvent seuls (ces derniers n’ayant pas le budget d’une entreprise ; l’argument de la gratuité est forcément pour eux un atout non négligeable).

Big Buck Bunny - Blender Foundation


Trois logiciels pour la 3D généraliste, recommandés pour une utilisation professionnelle, restent donc en lice.

Maya

Développé par le mastodonte AUTODESK, il s’agit de l’outil référence sur la marché pour l’animation 3D à destination du cinéma et des effets spéciaux.
Il est très majoritairement utilisé dans les grands studios, et c’est tout à fait justifié : ses capacités de « customisation » en développement pour adapter l’outil à un pipeline particulier sont inégalées ; il est également le premier, historiquement, à avoir proposé le principe du « nodal » dans son fonctionnement, comme NUKE, le principal concurrent d’After Effects édité par THE FOUNDRY, avec lequel d’ailleurs MAYA offre de vraies possibilités d’export et de compositing.
Il est vraisemblablement LE logiciel les plus enseigné dans les grandes écoles d’animation.

3DS max

L’autre rouleau compresseur développé par AUTODESK. Aussi ancien sur le marché que Maya, mais moins complet en terme de fonctionnalités orientées « animation » (encore que son éditeur de courbes « F-curves » pour retoucher le lissage des clés reste un des meilleurs du marché).
Grâce aux puissants outils de modélisation polygonale de son module « Graphite » et à l’immense bibliothèque de contenus 3D au format propriétaire .max, c’est LE logiciel qu’on associe généralement à la visualisation architecturale et à la 3D temps réel (pour le jeu vidéo, la réalité augmentée...).
Fait partie avec Maya des logiciels presque systématiquement appris en écoles de 3D

Cinema 4D

Longtemps ignoré des puristes de la 3D, ce soft développé par MAXON a réellement su créer la surprise depuis la sortie de sa version R12, avec l’apparition de simulations dynamiques extrêmement rapides et efficaces et surtout de son module MOGRAPH, permettant de créer des animations procédurales complexes en un temps record.
Module qui ne cesse d’être copié par la concurrence tant il a fait des émules ! Ces puissantes fonctionnalités, son intégration aux logiciels Adobe, et une innovation continue au fil des versions, ont permis à Maxon de séduire une large communauté de motion designers friands d’effets visuels faciles à mettre en place. Une facilité qui se retrouve également dans l’apprentissage du logiciel, connu pour être le plus intuitif de tous.

Maya 2017 Overview

3ds Max 2016 - Overview

Cinema4D Reel - Spring 2016

On peut dire sans exagérer que ces trois poids lourds de la 3D déchaînent les foules, tant leurs utilisateurs passionnés cherchent à tout prix à les défendre sur la toile à coups d’arguments (fonctionnalités, prix, politique vis à vis des utilisateurs...) plus convaincants les uns que les autres.

Alors avant de crier au « troll », il est très important de préciser que même si nous avons une nette préférence pour l’un, aucun de ces trois logiciels n’est vraiment meilleur que les autres ! En effet, tout est relatif : la quasi-totalité des techniques et effets que l’on peut y créer sont réalisables d’un soft à l’autre, à quelques très rares exceptions près. Tout est question de rapidité d’exécution et de goût personnel ! (certaines choses se font en 1 clic dans l’un, et en 3 ou 4 dans un autre, voire nécessite un plugin).


Notons par ailleurs que ces 3 solutions possèdent, n’en déplaisent à certains, des capacités tout à fait comparables en terme rendu.
Chacune possède en effet au moins un moteur de rendu interne qui permet de rendre du photo-réalisme (Mental Ray pour les logiciels Autodesk et le Physical Renderer de C4D).
Et tous les trois sont compatibles avec à peu près les mêmes moteurs de rendu externes : les principaux étant Vray, Octane, Maxwell, Arnold et Corona.

OctaneRender In Action - OTOY, Inc.


Notre Grégory Villien national (aka Cheetah) avait d'ailleurs publié sur notre forum un excellent billet à ce sujet, si vous ne l’aviez pas vu passer, on ne saurait que trop vous conseiller d’aller y jeter un œil !

Dès lors, comment réussir à les départager ? Et bien... en se posant les bonnes questions ! En voici quelques-unes que chacun(e) devrait se poser objectivement avant de choisir son logiciel 3D :

Dans quelle industrie vais-je travailler ?

- Dans quel environnement de travail ? (taille/configuration de la structure, pipeline en place, OS...)
- Quelles sont mes perpectives d’avenir (employabilité vs implantation des différents softs dans l’industrie)
- Quel délai/temps d’apprentissage ai-je devant moi ?
- Quel budget puis-je allouer à ce seul logiciel 3D ? Quel mode de paiement me convient le mieux ?
- Avec quels systèmes de création et/ou autres logiciels suis-je le plus à l'aise ?

Nous tenterons d’y répondre dans une seconde partie. Suite au prochain numéro !

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