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Sam Assadian, CEO et co-fondateur d'Isotropix

25 Mai 2020

Le monde des arts ne cessent de bénéficier des innovations technologiques. Il y a de moins en moins de limite à la richesse des effets visuels, ainsi qu'à leur facilité de production. Actuellement, toute personne qui souhaite apprendre le motion design ou les effets spéciaux, ou tout autre procédé, libre à lui d'entamer le chemin grâce à d'innombrables ressources en ligne, gratuites ou payantes. C'est de même le cas de Clarisse iFX (disponible gratuitement en version non-commerciale), un logiciel qui a grandement facilité diverses productions dans les effets spéciaux, notamment l'assemblage de scène immense.

Développé par la société française Isotropix, Clarisse iFX est un logiciel de set-dressing, look development, lighting et rendering. Il est intervenu dans maints films depuis sa première version lancée en 2012, dont quelques films de Star Wars, Blade Runner 2049, Black Panther... En voici le pedigree juste là. Mais personne ne peut mieux expliquer la venue et l'innovation de ce logiciel que l'un de ses premiers concepteurs, Sam Assadian, CEO et co-fondateur d'Isotropix. Et c'est parti pour la semaine de Motion Café dédiée à Clarisse iFX !

D'abord, pourriez-vous nous raconter en quelques lignes votre parcours ?

Sébastien (co-fondateur) et moi nous sommes rencontrés sur les bancs de la fac en 1995 et depuis nous avons toujours travaillé ensemble. Avant de fonder Isotropix et de créer Clarisse en 2011, Seb et moi avons passé toute notre carrière dans l'industrie de l'animation et des effets spéciaux. Nous avons d'abord travaillé de l'autre côté de la barrière en tant qu'infographistes pour finir par faire exclusivement du développement à partir de 2007. Étant tous deux à la fois ingénieurs et infographistes, nous avons directement été impliqués dans la conception et le développement de plusieurs pipelines de production dans des studios prestigieux.

Depuis 2012, Clarisse iFX a connu un succès fulgurant dans l'industrie des effets spéciaux dont il a facilité diverses méthodes de production. Comment êtes-vous parvenu à une telle renommée en si peu de temps ?

Il faut savoir que Clarisse a vu la lumière du jour pendant que l'industrie était en train de prendre le virage du path tracing et du rendu PBR. En 2009 nous avions senti que les technologies précédentes arrivaient toutes à bout de souffle. Des architectures logicielles dépassées qui ne savaient pas exploiter les ressources du système telles que les processeurs multi-coeurs, le streaming de données ou bien même le raytracing etc... Nous savions qu'il était largement possible de faire mieux en créant un logiciel à partir de 0. Quelques années plus tard, notre technologie a donné naissance à Clarisse: un logiciel vraiment en avance sur son temps. Lors de sa présentation à SIGGRAPH 2012, ses performances irréelles et son workflow révolutionnaire, ont immédiatement attiré, à notre grande surprise, les plus grands studios de la planète. Nous avons fait des tournées mondiales en faisant des démos et au bout de quelques années, Clarisse a été massivement adopté par DNEG puis par ILM pour la réalisation de Star Wars Episode 7. Cette collaboration nous a poussé et nous pousse encore à continuer d’apporter les innovations que ces clients et le marché des effets spéciaux et de l’animation 3D réclament tous les jours.

 

D'où vous est venue l'idée de Clarisse iFX et quels sont les manques que vous constatiez autrefois ?

Pour l'anecdote, Seb et moi ne voulions pas être des développeurs... Ce que nous voulions faire c'était de l'image... Mais par la force des choses et notre frustration, du fait d'utiliser les solutions existantes, nous avons suivi le vieil adage: on n'est jamais mieux servi que par soi-même… Nous avons donc créé l'outil que nous voulions utiliser en production en tant qu'infographiste. C'est-à-dire créer un outil pour répondre aux exigences croissantes en matière d'efficacité, de simplicité, de gestion de complexité, tout en prenant en compte que les délais d'exécution devenaient de plus en plus court sur un marché ultra compétitif.

 

Il n'a jamais existé de solution comparable de près ou de loin à Clarisse iFX pour gérer d'énormes environnements ?

On n'a pas besoin de Clarisse pour faire de belles images ni pour créer des énormes environnements. Avec de l'huile de coude et pas mal de souffrance, tout est possible. J'aime beaucoup cette vidéo sur YouTube où l'on voit un infographiste réaliser un portrait photo-réaliste du père Noel avec Microsoft Paint.

 

Cela illustre bien ce que je veux dire par là. En réalité, Clarisse permet à quiconque de créer facilement et rapidement des images incroyables. Aucune autre solution sur le marché ne permet d'offrir cette flexibilité, cette interactivité et surtout cette simplicité de workflow qu’offre Clarisse. Avec Clarisse, n’importe quel infographiste, possédant un ordinateur bas de gamme, peut travailler sur des scènes ultra riche composées d'un nombre démesuré de polygones. Clarisse offre une autre façon de travailler et surtout permet de se focaliser sur la créativité puisque notre logiciel libère des limitations techniques imposées par les autres logiciels. Pour l'anecdote, les barbelés dans Solo: A Star Wars Story sont en réalité des star destroyers qui sont "scatterés" sur une spirale. Pourquoi? Tout simplement parce que c'était possible et que c'était plus rapide à faire pour l'infographiste que de modéliser des barbelés.

 

A l'usage de Clarisse iFX, on constate qu'au niveau hardware le logiciel est peu gourmand comparé à d'autres applications 3D. Comment cela se fait ?

Clarisse a été conçu à partir d’une feuille blanche. Notre optique n'était pas de refaire un logiciel généraliste qui propose de la modélisation, du rigging et une multitude de moteur de rendu par exemple. Non, nous avons conçu un type nouveau de logiciel spécialisé et optimisé pour le set-dressing, le lighting, le lookdev et le rendu. Son architecture est ultra moderne. Il a été codé pour exploiter les technologies d’aujourd’hui. Enfin, la magie de Clarisse est que le logiciel prend beaucoup de décision "behind the scenes" pour optimiser la mémoire sans action particulière de l'utilisateur. Ce sont toutes ces choses qui permettent à Clarisse d'offrir à la fois ce flux de travail unique, cette gestion de la complexité ainsi que ses performances hors du commun.

Quel est le premier film auquel a contribué votre logiciel et quel besoin a-t-il comblé au premier studio qui l'a utilisé ?

A ma connaissance, la première fois que Clarisse a été utilisé sur un film était sur les VFX réalisés par DNEG sur Godzilla sorti en 2014. Clarisse avait été utilisé pour faire de nombreux matte paintings.

Récemment, ILM a publié un breakdown de certaines scènes composées avec Clarisse iFX. Pouvez-vous nous parler de la collaboration entre Isotropix et ILM ?

Isotropix est une boîte dirigée par des fondateurs passionnés qui ont poussé du pixel pendant de nombreuses années. Nous avons donc vécu la dure réalité de la production. De ce fait, nous mettons un point d'honneur à tout faire pour traiter nos clients de la même manière, qu'il soit un gros studio comme ILM ou bien un indépendant. Chez Isotropix, le support est la clé! Évidement, plus notre client est important, plus nous allouons de nos ressources pour résoudre les problèmes, fixer les bugs et améliorer les fonctionnalités du logiciel. Isotropix est une entreprise commerciale avec des salariés. Il a évidemment une réalité économique dans la gestion de nos priorités mais au final tout le monde est gagnant. Concrètement, nous avons des échanges très réguliers avec tous nos clients sur les problèmes qu'ils rencontrent en production. Au final, cela se traduit par de nouvelles fonctionnalités dans Clarisse ainsi que l'amélioration de ses performances et de sa stabilité. Nous sommes très transparents sur notre support. Tout le monde peut soumettre un rapport de bug ou bien une feature request sur isotropix.com.

 

Qu'envisagez-vous pour l'avenir de votre logiciel afin qu'il continue son évolution et garde sa place de choix dans l'industrie des effets spéciaux ?

Depuis que nous avons sorti notre version étendue de Clarisse, Clarisse BUiLDER, il est plus facile d'imaginer la direction dans laquelle les deux produits vont être amenés à évoluer. Clarisse iFX va continuer son chemin pour consolider sa place de meilleur logiciel de set-dressing, lookdev et rendu; tandis que Clarisse BUiLDER va se focaliser sur l'amélioration de l'aspect du travail collaboratif et de la simplification du sequence lighting pour les studios travaillant sur de gros volumes d'images ou des projets où il y a beaucoup de réutilisation d'assets et d'environnements.

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